Russie : un président en état second



Après un mois de repos, Boris Eltsine est réapparu, un court moment, sur la scène politique russe. Hier, à l'occasion de son investiture officielle, le président russe a prété serment et fait une allocution d'usage. Le discours a été rapide. L'élocution du président était difficile et confuse. La cérémonie a été écourtée. Elle devait au départ se dérouler à l'extérieur. Mais c'est finalement dans le Palais de congrès du Kremlin qu'elle a eu lieu, afin de ménager l'état de santé du président.

Son entourage, pourtant encore si prompt à donner aux malaises du président une origine bénigne (extinction de voix,...) a reconnu que Boris Eltsine souffrait d'une "fatigue colossale". Agé de 65 ans, le chef du Kremlin semble avoir des difficultés à se remettre de sa campagne électorale. Avant sa réelection, le 3 juillet dernier, son état physique semblait déjà défaillant. Beaucoup de rendez-vous officiels avaient été annulé et sa faiblesse avait été brocardée par ses adversaires. Guennadi Ziouganov, le candidat communiste, ne s'était pas privé, à l'époque, de gloser sur ses "capacités" à diriger la Russie.

Pour l'heure, on peut se demander qui conduit vraiment le pays. Victor Tchernomyrdine, le Premier ministre, tache de minimiser la situation, reaffirmant avec force l'activité du président. Télévisions et presses officielles donnent aussi le change. Entre les deux tours et après le scrutin, les rediffusions d'images d'archives, montrant un Boris Eltsine en pleine santé, avaient tenté de cacher grossièrement son absence de la vie politique. Les luttes intestines, qui divisent le Kremlin, profitent de cette "vacance" du pouvoir pour se développer, augmentant encore le sentiment de vide et de désordre à la tête du pays.

Désormais officiellement investi, le président russe ne craind plus d'être mis sur la touche sans pouvoir contrôler la situation. Il s'est d'ailleurs éclipsé dès la fin de la cérémonie pour prendre "un repos complet". Pendant ce temps la Russie mène de fronts conflits extérieurs et marasme intérieur, dans lesquels elle s'enlise tous les jours en peu plus. La guerre en Tchétchénie, que Boris Eltsine avait promis de balayer en deux mois, il y a deux ans, prend une tournure décisive en faveur des indépendantistes tchétchènes. L'économie russe, au bord de l'étouffement, ne se porte guère mieux. Le nouveau départ pour la campagne de Boris Eltsine ne manquera pas d'hypothéquer encore un peu plus ses promesses de renouveau pour la Russie.

Retour Index


SOMMAIRE / INFOS / ECRIRE A MAGNET/ FRANCE PRATIQUE